Joséphine Bacon
Poète, documentariste, conférencière, traductrice, interprète et enseignante de la langue innue
L’Université de Montréal remet un doctorat honoris causa à Joséphine Bacon, figure emblématique de la culture autochtone au Québec. Son parcours est marqué par un profond engagement envers les droits des Premiers Peuples et par une quête de réappropriation de son identité innue
Née dans la communauté innue de Pessamit, sur la Côte-Nord, Joséphine Bacon conserve sa langue maternelle bien qu’elle ait vécu, dès l’âge de cinq ans, au pensionnat à Maliotenam, près de Sept-Îles. Au début de la vingtaine, elle devient traductrice et interprète pour des anthropologues et transcrit des mythes et des traditions orales des aînés innus du Labrador et du Québec, rétablissant ainsi un lien entre la langue et les récits fondateurs de sa nation. Dans les années 1970 et 1980, elle travaille comme interprète, traductrice, narratrice et scénariste avec différents cinéastes, dont Pierre Perrault, Arthur Lamothe et Gilles Carle. Elle réalise ensuite ses propres documentaires.
Joséphine Bacon écrit aussi plusieurs recueils de poésie. En 2013, Un thé dans la toundra/Nipishapui nete mushuat est finaliste pour le Prix littéraire du Gouverneur général et pour le Grand Prix du livre de Montréal. Puis, Uiesh – Quelque part lui vaut le prix des libraires et le Prix Voix autochtone, en 2019. Elle est également reconnue à l’international grâce à la traduction de ses écrits en anglais et en allemand, puis à sa participation à des événements.
En tant que poète, Joséphine Bacon se distingue par son exploration des thèmes liés à la culture innue et à la relation entre les peuples autochtones et leur terre. Son œuvre enrichit tant la littérature québécoise qu’autochtone, en mettant l’accent sur le devoir de mémoire, et elle incite les nouvelles générations à faire entendre les voix des Premières Nations.
En parallèle, elle enseigne la langue innue et partage son savoir en donnant des ateliers d’écriture et des conférences, notamment dans des communautés autochtones à travers le Québec. Depuis plus d’un demi-siècle, elle mène un combat actif contre l’oubli et la disparition de la culture innue, de sa langue et de ses traditions.
Joséphine Bacon entretient des liens significatifs avec l’UdeM qui reconnaît son apport important à la recherche. Depuis le début des années 1970, elle a collaboré à différents projets documentant la langue et l’histoire innues, tandis que ses écrits servent d’outils pédagogiques afin de sensibiliser la communauté étudiante à l’histoire et aux luttes des peuples autochtones.
Depuis 2022, elle fait partie de la cohorte de sages de l’UdeM. En plus de jouer un rôle de mentore au Centre étudiant des Premiers Peuples, elle appuie l’équipe responsable de la mise en œuvre du plan d’action Place aux Premiers Peuples et siège au Conseil de gouvernance autochtone de l’Université.