Suzanne Lacasse
Ingénieure civile (génie géotechnique)
Suzanne Lacasse, pionnière en géotechnique, a marqué le domaine par ses recherches en mécanique des sols, en gestion des risques et en conception de fondations terrestres et marines. Elle a développé des pratiques novatrices pour analyser la résistance aux tempêtes des plateformes en mer et a intégré des concepts de fiabilité et de risque dans la conception géotechnique. Alliant des analyses mathématiques et numériques à des approches pratiques, elle a contribué à l’évaluation des risques géotechniques et à l’amélioration des techniques de laboratoire. Reconnue mondialement, elle a appliqué les probabilités à l’évaluation des dangers géotechniques, notamment pour les barrages, les installations en mer et la stabilité des pentes.
Titulaire d’un baccalauréat ès arts de l’Université de Montréal (1967), Suzanne Lacasse obtient en 1971 un diplôme en génie civil à Polytechnique Montréal, où elle est l’une des premières femmes diplômées en génie civil et la seule femme de sa promotion, qui comptait 46 personnes. Elle poursuit ses études doctorales au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et y obtient son doctorat en 1976, en cotutelle avec Polytechnique Montréal. Au MIT, elle est l’une des deux femmes de sa cohorte aux études doctorales en génie civil sur 50 étudiants. Elle débute sa carrière dans les années 1960, d’abord comme technicienne de laboratoire, puis comme ingénieure adjointe pour une entreprise en construction à Noranda.
Pendant sa maîtrise, Suzanne Lacasse travaille comme assistante de recherche au MIT. Durant ses études doctorales, elle est chargée de cours en génie civil à Polytechnique Montréal et associée de recherche au MIT. Elle se spécialise alors en géotechnique, en particulier dans les techniques de laboratoire et la modélisation des sols. Elle est aussi membre du comité de direction de l’Association des diplômés de Polytechnique Montréal de 1974 à 1976. En 1976, après son doctorat, Suzanne Lacasse devient chargée de cours au MIT, puis est nommée responsable du laboratoire de géotechnique du MIT. Au cours des sept années suivantes tout en étant professeure au MIT, elle travaille également dans un laboratoire aux Pays-Bas et comme consultante aux États-Unis.
Durant son année sabbatique du MIT, Suzanne Lacasse intègre l’Institut géotechnique de Norvège en 1978 en tant que boursière postdoctorale. Cet institut, le plus grand centre de recherche en géotechnique au monde, était alors affilié au Conseil royal de recherches scientifiques et industrielles de la Norvège. En 1980, elle devient ingénieure de projet, puis cheffe de projet pendant 11 ans, travaillant notamment sur l’ingénierie des fondations des plateformes pétrolières maritimes soumises aux tempêtes. En parallèle, elle est professeure au MIT jusqu’en 1983 et elle exerce comme censeure à l’Université d’Oslo de 1984 à 2011 et collabore avec des centres de recherche dans le secteur pétrolier aux États-Unis et en France.
En 1991, Suzanne Lacasse est nommée directrice générale de l’Institut géotechnique de Norvège, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. Pendant 20 ans, elle renforce la réputation de l’Institut à l’échelle internationale. En 2011, elle prend le rôle de directrice technique et, en 2016, devient experte-conseil – un poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.
Suzanne Lacasse est l’auteure de plus de 370 articles, de deux livres, de cinq chapitres de livres et de plus de 300 rapports d’ingénierie, ses travaux ayant été cités plus de 10 000 fois dans des recherches. Elle a également publié une vingtaine d’éditoriaux et d’entretiens dans des journaux et magazines.
Suzanne Lacasse a prononcé plus de 100 conférences invitées et discours d’ouverture lors de congrès et d’événements scientifiques et industriels dans plus de 35 pays. En 2001, elle est devenue la première femme – en 38 ans d’histoire – à prononcer la conférence Terzaghi de la Société américaine des ingénieurs civils, une des plus importantes distinctions internationales en géotechnique. En 2003 et 2004, elle a été la première femme nommée à la présidence de la Société canadienne de géotechnique. En 2011, elle a prononcé la conférence Coulomb du Comité français de mécanique des sols et, en 2013, le discours solennel Terzaghi de la Société internationale de mécanique des sols et de géotechnique (SIMSG). En 2014, la SIMSG a institué la Conférence honorifique Suzanne Lacasse, célébrant ainsi ses contributions à l’évaluation et à la gestion des risques en génie. En 2015, elle est devenue la première femme à prononcer la conférence Rankine de l’Institut des ingénieurs civils du Royaume-Uni en 55 ans d’histoire.
Durant sa carrière, Suzanne Lacasse a participé à plus de 50 mandats au sein de conseils, de comités d’évaluation et de comités éditoriaux de sociétés savantes, de fondations, d’instituts et de conseils de recherche, d’entreprises, de publications scientifiques, d’associations et d’organisations gouvernementales dans le monde entier. Elle a aussi été examinatrice externe pour des thèses de doctorat dans une vingtaine d’universités.
Les contributions de Suzanne Lacasse ont été reconnues par plusieurs académies et organismes, dont les académies nationales d’ingénierie, de sciences et de sciences et lettres en Norvège, au Canada, aux États-Unis et en France, la Société royale du Canada, l’Académie royale de science de Norvège, la Société de géotechnique de Norvège, la Société de géotechnique du Mexique, l’Institut canadien des ingénieurs et la Société américaine des ingénieurs civils.
Suzanne Lacasse a reçu de très nombreuses médailles pour ses réalisations. Elle a été nommée Chevalier de l’Ordre du Faucon en Islande en 1997 et Officier de l’Ordre du Canada en 2018. Elle est également professeure honoraire à l’Université Zhejiang à Hangzhou depuis 2014, à l’Université Tongji à Shanghai depuis 2017, et l’Université de Jiaotong à Shanghai depuis 2018.
En raison de ses contributions théoriques et pratiques en ingénierie géotechnique qui ont eu un impact majeur dans les essais en laboratoire et la conception d’infrastructures, de son parcours considérable en ingénierie et en recherche, de son rayonnement d’envergure internationale ainsi que de son statut de pionnière à titre d’ingénieure et de femme, Polytechnique Montréal est fière de décerner un doctorat honoris causa à madame Suzanne Lacasse.
Durant la cérémonie de l'après-midi le samedi 7 juin 2025, l'Université de Montréal, sur recommandation de Polytechnique Montréal, a décerné un doctorat honoris causa à Suzanne Lacasse, une pionnière dans le domaine de la géotechnique.