Emmanuelle Charpentier
Directrice de l’Institut Max Planck de science des pathogènes et professeure honoraire à l’Université Humboldt de Berlin
En décernant un doctorat honorifique à Emmanuelle Charpentier, l’Université de Montréal salue les réalisations exceptionnelles de cette microbiologiste, généticienne et biochimiste française. Ses travaux sur le système immunitaire adaptatif des bactéries, menés avec sa collègue Jennifer A. Doudna de l’Université de Californie à Berkeley, ont directement conduit à la mise au point du système CRISPR/Cas. La création de ces ciseaux moléculaires a engendré une révolution en génétique et valu aux deux chercheuses le prix Nobel de chimie en 2020.
Publiée dans la revue scientifique Science, cette découverte a été rendue possible grâce à la compréhension par l’équipe d’Emmanuelle Charpentier des mécanismes moléculaires du système immunitaire CRISPR-Cas9. Pour se défendre contre les virus, les bactéries utilisent ce système qui découpe l’ADN viral et élimine ainsi la menace. Les chercheuses ont démontré que CRISPR/Cas pouvait être efficacement adapté pour retirer ou ajouter de l’ADN à des endroits précis du génome, ouvrant la voie à l’élaboration de nouvelles approches thérapeutiques. Emmanuelle Charpentier a cofondé les entreprises CRISPR Therapeutics et ERS Genomics afin de développer la technologie d’ingénierie génomique permettant les applications biotechnologiques et biomédicales de cette découverte. Les ciseaux génétiques CRISPR/Cas9, grâce à leur simplicité d’utilisation, ont rapidement été adoptés par la communauté scientifique.
Née en France, Emmanuelle Charpentier étudie la biochimie et la microbiologie à l’Université Pierre et Marie Curie, aujourd’hui Sorbonne Université. En 1995, elle obtient un doctorat en microbiologie à l’Institut Pasteur, à Paris. Elle y réalise ensuite un postdoctorat, suivi par d’autres aux États-Unis, notamment à l’Université Rockefeller, à New York.
En 2002, Emmanuelle Charpentier entre à l’Université de Vienne comme professeure et directrice d’un groupe de recherche. En 2009, elle poursuit sa carrière à l’Université d’Umeå, en Suède. Elle accepte aussi, en 2013, de diriger le département de régulation en biologie des infections au Helmholtz Centre for Infection Research, en Allemagne. En 2014, elle obtient la Chaire Alexander-von-Humboldt à la Hannover Medical School de Berlin.
L’année suivante, Emmanuelle Charpentier devient directrice du département de régulation en biologie des infections de l’Institut Max Planck de biologie infectieuse et professeure honoraire à l’Université Humboldt de Berlin. En 2018, elle crée et dirige l’Institut Max Planck de science des pathogènes, où elle travaille toujours.
Parmi les distictions reçues, Emmanuelle Charpentier a figuré avec Jennifer A. Doudna, en 2015, sur la liste des 100 personnes les plus influentes au monde du magazine Time. En 2020, elle est devenue commandeure de la Légion d’honneur. C’est maintenant à l’Université de Montréal de souligner son apport considérable à la génétique moléculaire, qui permet aujourd’hui aux chercheurs et chercheuses de réaliser des avancées inimaginables il y a 15 ans.